Hawaii Life

17/10/2009

Le rêve Hawaiien

posté à 17h55

Après ma qualification dans la catégorie M55-59, le 6 septembre 2009 à Monaco, l'Ironman d'Hawaii devenait un rêve enfin réalisable.

Ce n'est que sur le sol hawaiien que j'ai enfin réalisé que j'y étais vraiment.

La semaine d'avant course est magique :

natation le matin dès 7 heures sur le parcours de l'Ironman (2,4km), au milieu des coraux, des poissons multicolores, des tortues, et même des dauphins pour les plus chanceux. Demi tour et petite halte à "l'Expresso bar", ou les nageurs s'accrochent à la coque du catamaran pour se faire servir café et cookies au chocolat, à 500m de la côte. On regagne ensuite la minuscule plage à la nage et on récupère les affaires au stand Gatorade, il n'est que 8h00, la journée peut commencer.

Il y a des triathlètes partout, des centaines dans se croisent dans l'eau, sur le parcours vélo en direction d'Energy Lab, sur Alii drive en courant...d'autres prennent leur breakfast...d'autres encore errent dans les boutiques...d'autres font leurs achats dans le village Ironman. KAILUA KONA est animée dès le lever du jour.

Le matin de la course, l'ambiance est magique. A 6h45, après l'hymne américain, au premier coup de canon, les pros s'élancent à une centaine de mètres du rivage, le long du Pier. Puis c'est au tour des groupes d'âges qui se positionnent et se maintiennent en surface avec une légère godille pendant les quinze minutes précédant le départ. Le soleil pointe au dessus de la montagne, il est 7 heures, le canon tone à nouveau, les multiples bonnets de latex qui flottaient lentement s'animent soudain et s'entourent d'une écume blanche qui prend toute la baie.

La natation est une longue ligne droite d'1,9km et le niveau est très homogène ; une tortue à trois mètres de fond lève la tête pour nous voir passer. Les champs de coraux défilent ; on en prend plein les yeux.

Demi tour, les groupes sont toujours compacts. Je sors de l'eau, le chrono affiche 1h 09'09.

Le plus difficile ne fait que commencer. J'enfourche le vélo et me rend compte que la position a changé : la tige de selle que j'avais nettoyé pour le transport du vélo était descendue de 3cm : j'étais "ramassé" sur le cadre et pas vraiment à l'aise. Pas de clé pour la réhausser donc je m'en accomode.

Au premier ravito, j'arrive trop vite et freine brusquement de la main gauche pour saisir la gourde que l'on me tend. La roue bloque et je suis projeté sur l'avant. Je me relève, constate les dégâts : coude gauche, avant bras, cheville en sang, côté droit, c'est le poignet qui fait très mal. On m'aide à remonter sur le vélo, on me met deux gourdes d'eau sur les portes bidons arrière et je repars. Je me rend compte au bout de cent mètres que la direction est de travers et que j'ai perdu mon bidon de boisson énergétique. Je descend à nouveau et la remet dans l'axe. C'est reparti avec un moral au plus bas : la plaie de l'avant bras frotte sur l'accoudoir et le poignet droit est très douloureux sur les relances, en danseuse et pour le passage des vitesses.

Plus loin, je roule sur plusieurs réflecteurs très rapprochés : la deuxième barre énergétique placée dans la sacoche de cadre est éjectée. Il ne reste plus que la crevaison pour clôturer le tout !

Le vent se lève et la montée sur Hawi devient difficile, les athlètes sont "plantés" à près de 20km/h. Enfin le demi tour et la descente sur une portion de 20km environ. Le vent souffle en rafales latérales et est en train de tourner. Il devient très gênant sur les portions interminables de faux plats montants : au sommet de chaque montée, on aperçoit à l'infini les prochaines bosses qui se suivent. Tous les repères sont faussés et il fait très chaud.

Enfin j'aperçois l'aéroport, il reste donc une quinzaine de kilomètres. A 6km de l'arrivée, les deux premiers concurrents sont côte à côte précédés par plusieurs voitures qui pointent les caméras.

Je pose le vélo après 6h34 de pédalage, complètement "vidé" : un bénévole m'aide pour en descendre et le récupère.

Sous la tente, plusieurs bénévoles s'occupent de moi : l'un me demande si tout va bien, un autre me donne à boire, un troisième me met une serviette glacée sur la tête en ébullition, un quatrième range mes affaires de vélo dans le sac RUN . Quel bonheur !!! Mais comment aborder le marathon dans cet état ???

Je me ressaisie, les bénévoles m'encouragent et je pars pour une longue étape de 42,2km.

La première boucle de 15 km est un aller retour sur ALII drive, la partie vallonée la plus agréable. Les boissons (eau/coca/glace pilée)prises à chaque ravitaillement font peu à peu leur effet, je "traine moins la patte".

Mais l'effet ne dure pas, la côte pour rejoindre la grande route conduisant à Energy Lab devient difficile à gravir et plus aucun abri n'est possible sur la quatre voies surchauffée, entourée de champs de lave : je marche lentement à chaque ravito.

Après une bosse, en voilà une autre, les repères disparaissent comme sur la partie cycliste. Les bénévoles sont regroupés sur les ravitos ; entre il n'y a personne d'autre que les concurrents qui reviennent, ceux qui marchent et ceux qui courent dans le même sens avec peine.

Energy Lab apparaît au loin, le soleil est au plus bas tout comme moi, il se couche alors que je m'engage dans la descente ; il fait toujours très chaud et humide.

Demi tour et je rejoins la grande route, il commence à faire sombre alors qu'il reste encore 12 km à parcourir. La nuit tombe vite et on ne vois plus arriver les concurrents qui se reconnaissent seulement au bruit des pas ou au collier fluorescent autour du cou. Les ravitos sont disposés sous les quelques lampadaires des intersections.

Enfin la descente sur KAILUA KONA, il reste un peu plus d'1km à parcourir mais c'est le plus facile car des centaines de personnes placées le long des trottoirs applaudissent et crient : "good job 3 6 4" "Good job" " congratulations"... La dernière ligne droite de 400m est pleine de monde, seulement une petite partie de la route est dégagée.

J'apercois l'arche Ironman et la ligne d'arrivée une centaine de mètres plus loin et savoure les derniers instants : 12h43'00 après une course à pied de 4h48'20. Le chrono n'est pas fabuleux mais la satisfaction d'avoir terminé est grande.

Passé la ligne d'arrivée, je suis pris en charge par deux bénévoles, une troisième me passe le collier de fleurs autour du coup, une quatrième me met une serviette sur le dos alors qu'une cinquième me verse de l'eau sur la tête pour me rafraîchir.

L'Ironman d'HAWAII est vraiment mythique :

"I have a dream", je l'ai réalisé le 10 octobre 2009.

 


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