Fin décembre 2007, je me lançais le défit de réaliser mon premier IRONMAN.
Plusieurs raisons ont motivé cette décision : effectuer un plus gros volume de travail pour progresser dans ma discipline la plus faible, vivre au moins une fois, une épreuve mythique et découvrir "l'esprit Ironman", participer à l'un des triathlons les plus reconnus de la planète, dans un décors idyllique, l'arrière pays niçois et la fameuse promenade des anglais et enfin, voir si j'étais capable de gérer une longue journée sportive.
Renaud, mon fils aîné, s'est immédiatemment proposé pour planifier mes entraînements sur une période de 24 semaines, me permettant ainsi de gérer mon activité professionnelle et la préparation physique Ironman. En même temps, l'entraînement était individualisé et devait renforcer mon point faible, le vélo, tout en maintenant mes niveaux natation et course à pied. L'entraînement était adapté à mes capacités et un suivi régulier de mon état physique, permettait à Renaud de programmer les mois suivants jusqu'au jour "J".
De son côté, Romain, mon plus jeune fils et coach natation du club de TOULON TRIATHLON, gérait la partie natation et me donnait des conseils sur la gestion de l'effort et du mental : faire sa course sans s'occuper des autres athlètes, ne pas se mettre une pression inutile, être serein et confiant jusqu'au départ.
Yves CORDIER, "l'expérience Ironman", organisateur de l'IM NICE et entraîneur de l'Olympic Nice Natation, me conseillait de gérer la partie cycliste sans trop forcer sur les jambes, juste ce qu'il fallait et prendre le temps de s'hydrater, sur le vélo mais aussi et surtout sur la partie pédestre, en s'arrêtant à tous les ravitaillements pour boire tranquillement en marchant, se rafraîchir et repartir sur une foulée après avoir relâché les muscles.
Enfin Thierry BERNARD, rencontré à Belfort et la veille de l'Ironman, disait que la course commençait vraiment au 28ème km, c'est à ce moment là qu'on pouvait y aller si tout se passait bien.
Fort de tous ces conseils et confiant pour avoir été très assidu dans la planification de Renaud, je prenais le départ de la course sans la moindre pression.
Effectuant les 3.8km d'une natation assez chaotique en 1h04'12, compte tenu du nombre d'athlètes présents dans l'eau (près de 2500)et de la bousculade sur les premiers 400m et à chaque bouée, je prenais mon temps pour la transition vélo(4'48").
Ensuite, je gérais le vélo ou plutôt me laissais dépasser par de nombreux cyclistes, la tête dans leur guidon, jusqu'au 50ème km. Ce n'est qu'à partir de là, que je remontais des places sur la route de GOURDON, le Col de l'ECRE, la côte entre GREOLIERES et le Col de VENCE, la montée de COURSEGOULES. Je ne prenais aucun risque dans les descentes et tournais les jambes sur les parties plates, préservant ainsi les muscles qui allaient être utilisés sur le marathon. Je passais même le petit plateau dès St LAURENT du VAR, par précaution. Au final, mon temps vélo était celui que j'avais prévu 6h28'39" (je m'étais fixé 6h30 à 7h00 pour 180km parcourus); pas monstrueux mais correct pour ce qui me concerne. 7'17" de transition pour passer aux toilettes mises à disposition dans le parc, récupérer son sac "RUN", s'équiper pour la course à pied, avant d'entamer le gros morceau de la journée : les 42.2km à pied.
Dès les premières foulées, les jambes étaient légères mais je résistais à l'envie de partir trop vite, préférant tenir jusqu'au bout un rythme assez régulier (54'56" au premier tour, 56'38" au deuxième, 1h03'06" à l'entame de la 3ème boucle et 1h05'20" sur les derniers 10km500) soit un marathon en 3h59'57".
C'est entièrement satisfait de ma performance que je franchissais la ligne d'arrivée avec le soulagement d'avoir achevé sans trop de douleur, une longue journée de course ou plutôt d'entraînement.
Un bilan plutôt positif mais beaucoup de mental pour relancer la machine lorsque la fatigue commençait à m'envahir, au départ de la troisième boucle, sachant qu'il ne s'agissait pas de la dernière et que sur un marathon, la partie la plus difficile se situe après le 30ème km. Positive aussi, la capacité à courir à 12km/h à partir du 40ème km, matérialisé sur le goudron.
Les points négatifs : deux formidables ampoules aux gros orteils, dues aux chaussures et chaussettes mouillées et donc des pieds très douloureux, une forte nausée jusqu'à 20h environ, suite à la déshydratation et l'hypoglycémie réactionnelle dès l'arrêt de l'effort, passé la ligne d'arrivée.
Finalement, j'ai enfin réalisé un IRONMAN mais je reconnaît que cette épreuve est très longue et demande un lourd investissement sur plusieurs mois (6 pour ce qui me concerne). Je me consacrerais donc plus facilement aux distances LD (3km/80km/20km) ou Half IM (1.8km/90km/21.1km) qui sont plus faciles à préparer et à gérer.
Malgré tout, compte tenu de la gestion réalisée sur l'IM de NICE 2008, mon état de fraîcheur et la motivation pour continuer la saison sont intacts, en tous cas, pas moins qu'après une épreuve sprint.
Place donc à une semaine light, ou la natation sera la seule discipline abordée, avant d'entamer les aquathlons de CAGNES et de ST LAURENT du VAR, le biathlon du LAVANDOU. Ces épreuves témoigneront de ma condition physique et me permettront d'envisager la suite de la saison avec pourquoi pas, l'Half IM de MONACO !
Je remercie Renaud pour son travail et sa patience, Romain pour m'avoir ouvert les yeux et raisonné, Yves CORDIER pour ses précieux conseils, Thierry BERNARD pour ses derniers encouragements et sa phrase magique.
Je remercie également tous ceux qui mont encouragés sur la course, connus ou inconnus, m'appellant par mon prénom (inscrit aussi sur le dossard), même si je n'avais pas toujours le sourire pour leur répondre, tellement j'étais concentré sur ce que je réalisais !
En fait, je commence à peine à réaliser ce que j'ai fait pour la première fois en 11h44'53".